• Les incendies dans l'histoire

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    Les incendies de Saint-Benoît-sur-Loire

    Eliane Vergnolle

     

    Canterbury 1174 / Paris 2019

    Yves Gallet

     

    L'incendie de 1218 à Notre-Dame de Paris

    Olivier de Châlus

     

    L’incendie de la cathédrale de Noyon en 1293

    Géraldine Victoir

     

    The Fires of York Cathedral

    Christopher Norton

     

    Note sur l’incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes en 1972

    Alain Delaval

     

    Des incendies programmés ? Le cas de l’abbatiale Sainte-Marie-Madeleine de Vézelay (1165)

    Arnaud Timbert

     

    Des incendies programmés ? Le cas de la cathédrale Notre-Dame de Chartres (1194)

    Arnaud Timbert

     

    Limiter la propagation d’un incendie. L’exemple de la flèche de la cathédrale d’Amiens en 1528

    Nicolas Asseray

     

    Guérir et prévenir : le besoin d’une modélisation adéquate de l’incendie

    Alejandra Albuerne, Augustin Guibaud, Guillaume Legros, Jose Torero, Michael Woodrow

     

    L'incendie de la cathédrale Saint-Etienne de Toul en 1940

    Alain Villes

     

    L'incendie de la flèche et de la cathédrale Saint-Etienne de Châlons-en-Champagne en 1668

    Alain Villes

     

    L'incendie de la flèche et de la cathédrale de Troyes en 1700

    Alain Villes

     

    Les incendies de la cathédrale de Reims à l'époque médiévale

    Alain Villes

     

    Les incendies de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges

    Alain Villes

     

    Incendie de la grande flèche de la cathédrale de Rouen

    Alain Villes

     

    L'incendie de la cathédrale Saint-Etienne de Sens en 1184

    Alain Villes

     

    Les nombreux incendies de la cathédrale de Strasbourg

    Alain Villes

     

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  • L'incendie de la flèche et de la cathédrale Saint-Etienne de Châlons-en-Champagne en 1668

    Alain Villes

    La cathédrale de Châlons possède une longue nef de style rayonnant, intégralement vitrée, de neuf travées, un transept saillant flanqué de deux tours, dont l'une (nord) remonte au début du XIIe siècle, une abside peu profonde, qui fut d'abord de type vitré puis dotée d'un déambulatoire et trois grandes chapelles rayonnantes à la fin du XIIIe siècle. Le beau portail nord (1245-1265) comporte une rose au vitrage très original. La façade ouest, en fronton monumental sans clochers, est de style classique (1634).

    Vers 1450, les combles de la cathédrale actuelle, déjà victime du feu en 1138 puis 1230, avaient été détruits par un incendie dont on ignore la cause. La disparition, alors, d'une ou deux flèches en charpente est probable, mais on est mal renseigné sur ce point. En 1520, le chapitre fit élever sur la tour nord du transept, romane et seule achevée en pierre, une haute flèche en charpente. Elle était campée sur un étage cubique en bois très ajouré, enserrée à sa base par des lancettes et de hauts gâbles et subdivisée par deux lanterneaux. Le coq perchait à 93 m environ. L’ouvrage était orné de statues, dorures et peintures et couvert en plomb. Sa réputation était considérable : pour définir la cathédrale « idéale » à la française, on disait, au XVIIe siècle : « portails de Reims, tours de Paris, nef d’Amiens, chœur de Beauvais, cloche de Rouen et flèche de Châlons ».

    La foudre frappa ce grand clocher le 19 janvier 1668. Il s’effondra en flammes sur l’abside, défonçant ses voûtes puis celles de la crypte romane, où plusieurs personnes trouvèrent la mort. Le feu, qui avait déjà gagné les combles, se communiqua ensuite à tout ce qui était en bois à l’intérieur de la cathédrale. La petite flèche provisoire et le beffroi de la tour sud du transept, embrasés eux aussi, s’effondrèrent sur la rose méridionale, mettant le feu au grand orgue, qui fut détruit.

    L’intendant de Champagne en personne vint inspecter l’édifice le 21 janvier. Il estima les dégâts entre 400 et 500 000 livres : perte des huit cloches, des voûtes de l'abside, des flèches, des couvertures et du mobilier intérieur. L’évêque Félix Vialart de Herse entreprit de restaurer sa cathédrale sur ses propres deniers. Mais un immense élan de solidarité fit aussi affluer les fonds : abbayes châlonnaises, diocèse, cour de France… Dès la fin 1668, les voûtes étaient refaites et la crypte remaniée. En 1672, les deux tours surélevées étaient couronnées de gracieuses flèches en pierre annonçant le style « troubadour » et les sonneries rétablies. Les toitures suivirent. Les travaux de réaménagement intérieur prirent encore une large part du XVIIIe siècle.

    Démolies en 1858-59 du fait d'une restauration défectueuse en 1820-21, les flèches en pierre de 1672 n'ont jamais été rétablies. Depuis le début du XXe siècle, les tours de la cathédrale ont perdu leurs étages supérieurs du XVIIe siècle, remplacés par des pyramides en charpente peu élevées, qui ne dépassant guère les combles et font penser à des sortes... d' « éteignoirs ».

     

    Bibliographie

    Alain Villes – Les anciennes flèches de la cathédrale de Châlons en Champagne. 1ère Partie : les flèches antérieures à l’incendie de 1668, Etudes Marnaises, t. CXXIX, 2014, p. 53-98.

     

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    Mise en ligne le 08 août 2020

  • L'incendie de la flèche et de la cathédrale de Troyes en 1700

    Alain Villes

     

    La croisée de la cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Troyes fut couronnée d’une haute flèche dès 1310. Elle fut détruite par une tornade le 13 août 1365. La foudre frappa, le 9 juillet en 1382, les toitures de la nef encore inachevée. Mais les ouvriers du bâtiment réussirent à éteindre l’incendie. Les réparations occupèrent les charpentiers et les couvreurs durant deux mois. De 1374 à 1396, on fit des réparations (sonnerie, couverture, contrebutement…) à un « haust clochier », dont les mentions laissent supposer qu’une grande flèche centrale avait été rétablie, peut-être grâce à l’aide financière du roi, obtenue dès le 31 août 1382.

    Une nouvelle flèche, conçue par le maître-charpentier Jean de Nantes vers 1410, fut entreprise le 24 juillet 1413 et terminée en 1436 ou 1437 seulement, par Pierre Loque. D’après les vues anciennes de la ville, sa pyramide octogonale très aiguë se dressait sur un lanterneau, appelé « tonnelle », qui abritait quatre petites cloches. L’aspect général de l’ouvrage était proche de celui du clocher central de Notre-Dame de Paris ou de la cathédrale de Sens, démolis en 1793. On peut estimer que le coq était perché à 85 ou 90 m de hauteur environ.

    Le 8 octobre 1700, à une heure du matin, la foudre incendia cette flèche et le feu gagnant l’ensemble des grands combles. Les voûtes de la croisée s’effondrèrent. La statue de Saint-Michel coiffant le pignon occidental tomba. Il y eu de gros dégâts aux chapelles latérales. Les corniches et balustrades hautes furent très endommagées, des vitraux brisés, les stalles du chœur, atteintes. Le récit d’un témoin est poignant : « le feu », une fois entré au clocher « comme une limace », celui-ci « parut comme une chandelle du côté de la ville et comme un flambeau du côté d’en bas… des gens crièrent, éveillèrent les habitants ». Les réparations débutèrent dès la fin de l’année : voûtes puis toitures s’interrompirent en 1705 et reprirent de 1713 à 1733, mais sans rétablir la flèche.

     

    Bibliographie

    Léon Pigeotte – Le grand clocher de la cathédrale de Troyes. Mémoires de la Société Académique de l’Aube, 1877, p. 149-210.

    Joseph Roserot de Melin – Bibliographie commentée des sources d’une histoire de la cathédrale de Troyes. I. Construction. Troyes, Paton, 1966.

     

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    Mise en ligne le 08 août 2020

  • Les incendies de la cathédrale de Reims à l'époque médiévale

    Alain Villes

    La cathédrale de Reims est l'une des plus grandes (38 m sous clef, 145 m de long), avec une longue nef, un chœur à doubles bas-côtés et chapelles rayonnantes, un programme (inachevé) de sept tours, une façade occidentale à grands portails, très richement sculptée. C'est le 6 mai 1207, année d'une éclipse de soleil mentionnée dans les Annales de Saint-Nicaise, et non pas 1210, comme on l'a cru longtemps, qu'eut lieu l'incendie à l'origine de la construction de l'édifice actuel. A. Saint-Paul pensait qu'il avait été voulu pour se débarrasser de l'église antérieure, mais en 1231 le chroniqueur Aubry de Trois-Fontaines le dit per negligentiam. Il dévasta une « grande partie de la ville » mais il est probable qu'il ne ruina dans la cathédrale que la nef d'époque carolingienne, seule couverte en charpente, le chœur, le transept et la façade ayant été rebâtis en gothique « primitif » entre 1152 et 1160.
    Le gros-œuvre étant terminé, hormis les derniers étages des tours, le montage de plomb mentionné en 1299 correspond probablement à la construction des combles (Reinhardt, 1963, p. 81). On édifia peut-être alors déjà une grande flèche en charpente sur la croisée. Malgré l'interdiction formelle, édictée en 1442, d'allumer du feu dans les hauteurs de l'église, des ouvriers oublièrent d'éteindre et laissèrent sans surveillance un fourneau à fondre le plomb, le 23 juillet 1481. Le lendemain, il mit aux combles un feu qui se déclara « au clocher qui estoit sur le chœur de l'église », c'est à dire la croisée (Reinhardt, 1963, p. 207-209). Le beffroi du clocher et les toitures furent détruits, malgré tous les efforts pour éteindre l'incendie, mais les sources donnent peu de détails sur l'évènement.
    La reconstruction de la toiture, la création de nouveaux pignons au transept et du « clocher à l'ange », petite flèche dressée au bout des combles de l'abside, ne prirent fin qu'en 1492, avec le concours du comte d'Angoulême, seigneur d'Epernay (alors au diocèse de Reims), et du roi de France. En 1506, on envisageait la réfection des galeries calcinées sur les murs gouttereaux, l'achèvement des tours du transept, les flèches de façade ouest et surtout la construction d'un grand clocher central en bois, à plusieurs étages, culminant à 170 m ! Le 20 août et le 10 septembre, le projet sur parchemin en fut
    présenté puis approuvé par le Chapitre, mais seul son socle put être financé. Malheureusement, le dessin est perdu.
    Si l'on avait évité l'incendie de 1481, la cathédrale aurait peut-être possédé au moins trois flèches (deux en pierre à l'ouest, une en bois à la croisée), ou ce clocher central, voire 6 tours dépassant les combles. Ces derniers furent refaits sur 16 m d'élévation, soit 4 au moins de plus que les précédents, afin de rehausser la silhouette de la cathédrale, pour faire face à la concurrence portée par deux orgueilleuses suffragantes : Amiens et Beauvais.

    L'incendie médiéval de la cathédrale de Reims n'est pas sans évoquer, trait pour trait, celui de Notre-Dame de paris en 2019 : disparition des combles, impuissance de la lutte face au feu, effondrement d'un grand clocher central en charpente. Mais à Reims, les voûtes, plus massives qu'à paris, ont tenu bon.
     

    Bibliographie
    Hans Reinhardt – La cathédrale de Reims. Presses Universitaires de France, Paris, 1963.
    Alain Villes – La cathédrale Notre-Dame de Reims. Chronologie et campagnes de travaux. Bilan des recherches antérieures à 2000 et proposition nouvelles. Ed. La Simarre, Joué-lès-Tours, 2009.
     

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    Mise en ligne le 20 juin 2023

  • Les incendies de la cathédrale Saint-Etienne de Bourges

    Alain Villes

    Les grandes charpentes actuelles de la cathédrale ont été réalisées en deux campagnes, entre 1255 et 1259, au moment de l'achèvement des voûtes hautes de la nef.
    Vers 1390, on monta sur ces combles une flèche en charpente sur la 4e travée double, soit exactement à mi-longueur du maître-vaisseau. Il semble qu'en cela, on ait imité la cathédrale de Sens, qui ne possédait, elle non plus, aucun transept et dont les proportions entre étages de l'élévation ont également été repris par ceux de Bourges, église primatiale d'Aquitaine. Sur la cathédrale de Sens, qui avait elle aussi rang de Primatiale (des Gaules), on avait en effet démoli, en 1379, le clocher, vétuste, qui coiffait l'extrémité de l'abside, pour le transférer à l'emplacement de l'actuelle croisée, qui n'existait pas encore.

    Vers 1450-75, la flèche de Bourges fut reconstruite, mais on ignore pour quelle raison. Il fallut la démolir en 1539, pour cause de vétusté. Elle fut rétablie en 1543-1544. L'incendie qui ravagea les combles inférieurs nord de l'église le 16 mai 1550 endommagea les voûtes des collatéraux, toucha les vitraux inférieurs et détruisit l'orgue, placé au-dessus du porche, mais épargna les grandes charpentes. Les dégâts furent néanmoins considérables, puisqu'estimés à 119 600 livres.
    Le 2 mars 1699, la flèche fut détruite par un incendie, dont l'origine n'est pas connue. Les combles furent à nouveau épargnés. Reconstruite pour la quatrième fois, la flèche fut supprimée dès 1745, pour cause de délabrement et ne fut jamais reconstruite.
    On a peud'informations sur cet ouvrage, connu que par le seul intermédiaire de vues anciennes de la ville, où il apparaît sous forme schématique. Une pyramide octogonale très aiguë, dépassant largement la tour nord de la façade (haute de 66 m) était campée sur un étage de lanterneau à jour. On sait que ce dernier se dressait, depuis au moins 1543-44, sur une croisée de charpente en faux transept, flanquée de pignons, bâtie sur la largeur du maître-vaisseau. L'ensemble était couvert en plomb peint et doré, avec décor de figures en ronde-bosse. La pointe doit avoir culminé à 95 m, soit le double de la hauteur du grand faîtage.

    Bibliographie

    Alain Villes – Bourges. Cathédrale Saint-Etienne. Coll.« Cathédrales de France », éd. du Patrimoine, Paris, 2018.

     

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    Mise en ligne le 20 juin 2023

  • Incendie de la grande flèche de la cathédrale de Rouen

    Alain Villes

    Le 4 octobre 1514, « l’ancienne piramide » centrale de Notre-Dame de Rouen s’embrasait. On ne sait pas la cause de l'incendie. Cette flèche n’était que la deuxième, voire la troisième dans l’histoire de l’édifice. « Sur les huit heures du matin, on vit sortir des pelotons de fumée de tous les côtez de la Piramide, qu’on apelloit en ce temps l’Aiguille,à cause qu’étant plus haute de quinze pieds que celle d’aujourd’hui, elle paraissoit aussi plus menuë… ».
    Le plomb fondu tombant en pluie empêcha toute approche. « En une heure de temps cette superbe piramide fut toute embrasée et tomba sur les voûtes du chœur, qui furent rompues… ». Les combles se consumèrent ensuite rapidement. « Quoique des charbons volassent jusqu’à saint-Ouen »… la ville fut épargnée. Dès les semaines suivantes, un beffroi provisoire fut dressé sur la tour-lanterne. Il figure sur la vue de Rouen par Jacques Le Lieur en 1525. Les chanoines sollicitèrent, avec un succès mitigé, la municipalité et le roi de France et investirent immédiatement 3 000 livres dans un comble provisoire.
    Le charpentier Robert Becquet rencontra des difficultés pour convaincre le chapitre de son projet de nouveau clocher, en 1542. Mais sa « piramide » fut adoptée : en charpente, dotée d’un premier étage en galerie et terminée par un obélisque très aigu, dressé au-dessus de six courts étages égaux, eux aussi très ajourés. Grâce à une contribution du cardinal Georges II d’Amboise, l’ouvrage fut réalisé en 1544. De style entièrement renaissance, mais d’allure encore très gothique, il culminait à 135 m environ.

    Dès la soirée du 14 septembre 1822, l’orage menaçait. La foudre frappa la flèche à 5h du matin. L’incendie débuta à la base de l’obélisque, attisé par un fort vent de nord-est. Sous les regards d’une foule impuissante et atterrée, la flèche entière s’abattit sur une tour du portail sud. L’incendie dévora inexorablement le reste des charpentes du clocher, puis l’ensemble des grands combles. Vers 9 h du matin, il n’en restait plus rien, mais les voûtes résistèrent.
    La flèche fut remplacée par le chef d’œuvre néogothique en fonte, conçu par Jean-Antoine Alavoine dès 1823, mais dont l’édification traîna jusqu’en 1884. Il fallut aussi du temps pour la reconnaître comme un chef-d'oeuvre. C’est la plus haute de France (151 m).

    Bibliographie
    E.H. Langlois – Noticesur l’incendie de la cathédrale de Rouen. Rouen, 1823, 91 p.
    Yves Lescroart – Rouen.La cathédrale Notre-Dame. Coll. « Cathédrales de France », éd.du Patrimoine, Paris, 2000.

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    Mise en ligne le 20 juin 2023 

  • L'incendie de la cathédrale Saint-Etienne de Sens en 1184

    Alain Villes

    On est mal renseigné sur l'incendie du 23 juin 1184, le seul qu'ait connu l'histoire de la première en date des cathédrales gothiques. On sait seulement qu'il ravagea la moitié orientale de la ville, que les églises furent gravement endommagées et que la cathédrale fut touchée. Les traces de calcination aux parois extérieures des combles des bas-côtés, signalées au XIXe siècle comme preuves du sinistre, sont en réalité difficiles à voir...
    On ignore donc l'étendue exacte des dégâts subis alors par l'église-mère dont le gros œuvre était achevé depuis environ dix ans et qui était sans doute déjà pourvue de sa couverture. L'archéologie du bâti apporte cependant quelques informations. D'une part, à la date de 1184, la façade occidentale s'élevait jusqu'au sommet des grandes voûtes. D'autre part, un changement bien visible au niveau de la haute corniche témoigne d'une révision du projet des tours. Les contreforts perdent leurs multiples ressauts pour un plan semi-circulaire de leurs branches d'équerre.
    Enfin, lesgrands combles atteignent à eux seuls 16 m de hauteur, pour 24 m seulement des grandes voûtes. Ils n'ont que peu d'équivalents dans le gothique : cathédrales de Reims, Tours, Orléans et Toul. Cette hauteur a imposé le montage en façade ouest de deux arcatures superposées. Cette double galerie est unique en son genre, même si beaucoup de façades possèdent une galerie ou un étage aligné sur les toitures (Paris, Reims, Amiens, Soissons, Troyes, Toul...) ou les dépassant (Auxerre, Meaux, Laon...). On est donc tenté par l'hypothèse qu'après 1184 on voulut des tours plus hautes que prévu au départ.
    Ces combles considérables ont dû être conçus après l'incendie afin de surhausser la cathédrale, car l'église primatiale des Gaules était désormais dépassée par ses suffragantes de Paris (36 m sous clef) et Meaux (30 m). Des débris retrouvés récemment sur les voûtains prouvent, par ailleurs, que la couverture était en tuiles de couleur, vernissées. Le cas de Sens rappelle donc que les incendies de charpente ont pu avoir une incidence importante sur le programme même des cathédrales gothiques, notamment quant à leur silhouette extérieure, de manière à répondre à des soucis de prestige.
                  

    Bibliographie
    Eugène Chartraire – La cathédrale de Sens. Petites Monograohies des Grands Edifices de la France. Laurens, Paris, 1930.
    Alain Villes – Sens. Cathédrale Saint-Etienne. Coll.« Cathédrales de France », éd. du patrimoine, Paris, 2014.

     

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    Mise en ligne le 20 juin 2023

  • Les nombreux incendies de la cathédrale de Strasbourg

    Alain Villes

    On ne connait ni la cause ni le détail des incendies de 1136, 1140, 1150 et 1176 qui
    touchèrent la cathédrale de l'évêque Werner (1002-1028), couverte en charpente.

    Le 15 août 1298, une lumière étant restée aux écuries épiscopales après le départ de l'Empereur Albert de Habsbourg, un feu parti de la rue du Marocain gagna par l'intermédiaire de cordages les échaufaudages de la façade, endommageant ses maçonneries. Le feu détruisit ensuite les combles, les cloches, l'orgue..., et calcina les corniches. On édicta dès lors une réduction de la profondeur d'encorbellement des maisons.
    Le 16 mars 1384, lors de réparations à l'orgue, « le four et l'enclume étant placés près de lui » et le feu n'étant pas surveillé..., la nuit, le balcon de bois supportant l'orgue s'enflamma ». L'instrument fut détruit, ainsi que « le toit avec sa couverture en plomb... mais on parvint à porter aide aux deux clochers et au choeur... » qui « ne subirent aucun mal ».
    En 1564, nouveaux dommages à la toiture, dont la réparation demanda trois ans. En 1565, la foudre frappe le « lanternon », mais une averse éteint l'incendie.
    Le 29 juin 1568, coup de foudre encore : la toiture prend feu. Le plomb en fusion ruisselle, interdisant tout secours. Le 13 janvier 1569, un orage provoque de gros dégâts et incendie les combles du choeur.

    Dès avant 1330, la croisée avait été coiffée de la « mitre » : tour peu élevée, à huit pignons, portant un clocheton. Il fallut la rebâtir en 1575. Entre 1624 et 1751, le feu du ciel frappa la grande tour à huit reprises. Le 23 juillet 1624, elle dispersa des morceaux de la flèche à plus de 150 m et la réfection du couronnement de celle-ci ne prit fin qu'en 1628. Le 5 juin 1654, nouveaux dégâts à la flèche et réfection de ses 20 m supérieurs jusqu'en 1657. Le 27 juillet 1759, « le feu du ciel, tombant sur la flèche de la tour descendit à la toiture de la nef, dont il consuma la charpente..., détruisant en même temps le « bonnet d'évêque ». Un des pignons de celui-ci, en s'effondrant, écrasa la voûte de la salle du trésor..., un autre fracassa les ogives de la dernière travée de la nef... le plomb fondu, coulant par la clef de la coupole, endommagea le baldaquin de Frémery ». Il fallut remplacer ce maître-autel. La nouvelle couverture, en cuivre, ne fut terminée qu'en 1765 et la « mitre » jamais rétablie.
    Dans la nuit du 25 au 26 août 1870, le siège prussien provoqua l'incendie complet des
    combles, mais les voûtes résistèrent. La charpente fut rétablie en métal.

    Bibliographie
    Alain Villes – Strasbourg. Cathédrale Notre-Dame, Coll.« Cathédrales de France », éd. du Patrimoine, Paris, 2016.

    Hans Reinhardt – La cathédrale de Strasbourg. Arthaud,1972.

     

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    Mise en ligne le 20 juin 2023